ARCANES POLITIQUES : L’AES NE REPOSE PRATIQUEMENT SUR RIEN, SELON ME CHEICK OUMAR KONARÉ

 ARCANES POLITIQUES : L’AES NE REPOSE PRATIQUEMENT SUR RIEN, SELON ME CHEICK OUMAR KONARÉ

Comme il l’avait promis, l’Avocat et analyste politique Me Cheick Oumar Konaré, dans une réflexion intitulée « Les quatre défis de l’AES », s’est intéressé aux défis que l’AES va devoir relever pour garantir son avenir à moyen et long termes.

Le mieux qu’on puisse à la lecture de cette réflexion est que l’AES est une organisation qui repose, en tout cas pour le moment, sur pas grand-chose. Les dirigeants des trois pays, le Mali, le Burkina et le Niger, sauront-ils relever les quatre défis suivants, un passage obligatoire, pour ne pas décevoir et exposer les citoyens de leurs pays respectifs ? Voilà toute la question !

Lisons Me Konaré. « – Le premier défi a trait à la libre circulation des personnes et des biens. La sortie de la CEDEAO oblige les 3 membres de l’AES (Mali, Burkina et Niger) à trouver un accord pour que leurs ressortissants ne fassent pas l’objet de représailles dans les 12 autres pays restés dans la CEDEAO. À défaut d’un tel accord, il faudrait s’attendre à des désagréments monstrueux au plan administratif et économique, d’autant qu’aucun pays de l’AES n’a de débouché sur la mer et que tous les pays de l’AES comptent des millions de citoyens dans l’espace CEDEAO.

  • Le second défi se rapporte à la monnaie. Tous les pays de l’AES sont membres de l’UEMOA, qui leur offre l’opportunité de lever des fonds pour financer leurs dépenses de fonctionnement et d’investissement. C’est aussi l’UEMOA qui gère la monnaie (CFA) et contrôle les banques de ses Etats membres. Or, ces dernières années, L’UEMOA s’est transformée en appendice de la CEDEAO. À preuve, en violation de ses textes, elle s’est jointe à celle-ci pour appliquer des sanctions économiques et financières aux pays de l’AES. Par quel moyen ces pays pourraient-ils se maintenir dans l’UEMOA mais hors de la CEDEAO ? Comment pourraient-ils continuer à utiliser une monnaie éminemment franco-africaine, garantie par Paris, alors qu’ils ont décidé de tourner le dos à la France ? Quand le CFA se sera transformé en Eco (la future monnaie de la CEDEAO), que fera l’AES?

A-t-elle aujourd’hui les moyens de battre sa propre monnaie alors qu’elle n’a encore ni banque centrale, ni politique monétaire commune ? Comment garantir la convertibilité de l’éventuelle monnaie de l’AES et éviter l’inflation, qui est de nature à dévaloriser toute monnaie ?

  • Le troisième défi est lié à la coopération avec la Russie. Les pays de l’AES se sont tous détournés de l’Occident au profit de la Russie. Qu’adviendrait-il si celle-ci décidait, un beau jour, de se rapprocher de l’Occident aux dépens de l’AES ? Et si, par ailleurs, Moscou décidait de privilégier ses relations avec l’Algérie qui, comme on le sait, a des visées sur le ́nord du Mali et des amitiés avec les groupes armés qui combattent l’Etat malien ? La Russie étant connue pour trop regarder à la dépense, que faut-il attendre d’elle en termes d’aide au développement ? Et qu’adviendrait-il si, un jour, un pays de l’AES décidait de rompre sa coopération militaire avec Moscou ?
  • Enfin, les pays de l’AES sont tous dirigés par des régimes de Transition militaires. Qu’adviendrait-il de l’AES si l’un des chefs d’Etat perdait le pouvoir à la fin de la Transition et que le nouvel élu décidait de quitter l’alliance ? ». ■

MAÏMOUNA DOUMBIA

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