CONSEIL UTILE DU PR. ALI NOUHOUM DIALLO AUX MILITAIRES AU POUVOIR : « LA CAPACITÉ DE S’INDIGNER ET DE S’INSURGER DES MALIENS NE MOURRA JAMAIS »

Le Pr Ali Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée Nationale du Mali, ancien président du Parlement de la CEDEAO, Grand officier de l’Ordre National du Mali, Maître de Conférences agrégé de Médecine Interne, revient encore, avec une «si longue lettre», à la charge pour appeler les militaires au pouvoir à sortir de la confusion et à ressembler les Maliens autour du Mali.
Sans quoi, il serait d’une grande erreur de jugement que de croire que «la capacité de s’indigner et de s’insurger des Maliens peut mourir», alors que des frustrations nourries par-ci, par-là peuvent à tout moment exploser ! Voici quelques morceaux choisis pour vous. Dans sa tribune intitulée «IL EST TEMPS POUR LE MALI DE SORTIR DE LA CONFUSION», le Pr Ali Nouhoum Diallo commence par faire part de ses doutes et peur quant au retour des militaires au pouvoir, et ce depuis les agitation en 2020 du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), tout comme il avait subodoré le coup d’Etat contre le Général d’Armée Amadou Toumani Touré, perpétré par le Capitaine Amadou Aya Sanogo en mars 2012. Il dit avoir salué l’invitation faite à la MINUSMA de laisser désormais les FAMA assurer la défense et la sécurité du Mali et celles de ses citoyennes et citoyens, le départ du dernier soldat de la force Barkhane, ressassant le souvenir du 20 janvier 1961, date du départ du dernier soldat français du sol malien à la demande du Président Modibo Keita, jour qui est consacré à la fête de l’Armée malienne. Il a aussi salué la libération, bien que partielle de Kidal, Tinzaouaten étant toujours entre les mains des groupes armés d’origine malienne.
Il est revenu sur les raisons de sa présence à la conférence de presse du collectif des partis et mouvements politiques signataires de la déclaration du 31 mars tenue le 20 novembre 2024, en tant que 1er Vice-président de l’Alliance pour la Démocratie au Mali (l’A.Dé.Ma-Association) et Président d’Honneur de l’Adema, le Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (Adema-P.A.S.J), à savoir «être témoin de la demande du Mouvement Démocratique de libérer les onze dirigeants des Partis et Mouvements politiques et de toutes les victimes de détention arbitraire, pour délit d’opinion».
Pour le doyen Ali Nouhoum Diallo, la suspension par le Décret N°2024- 0230/PT-RM du 10 avril 2024 des activités des partis politiques et des associations à caractère politique, viole la Nouvelle Constitution censée instaurer la IVème République. Au fait, il se demande d’ailleurs quelle constitution gère le Mali, si ce n’est déjà pas les différentes chartes rédigées par les Colonels devenus à titre exceptionnel général d’Armée, généraux de corps d’Armée, généraux de brigade et de division pour hauts faits d’armes ? Pour lui, autant les Actes posés par les militaires au pouvoir n’autorisent pas les fils, les petits fils et les petites filles, du peuple malien, à embastiller à tour de bras les voix discordantes dans le pays, autant ses Camarades du Mouvement Démocratique doivent retenir de l’enseignement de l’Histoire que tout ce qui a été acquis de haute lutte, doit être aussi conservé de haute lutte. «Ce serait à mon sens, une humiliation pour la Nation malienne que d’extrader l’opposant politique Issa Kaw Ndjim au Burkina Faso comme le laissent entendre certains journaux», prévient-il. Lui qui trouve que le Mali officiel a déjà fait preuve de solidarité avec le Capitaine Ibrahim Traoré, qui se voudrait le sosie du Capitaine Thomas Sankara, en obéissant à l’Injonction faite à la Haute Autorité de la Communication du Mali de prendre des mesures appropriées contre celui qui a offensé le Président du Faso pour cinq ans, sans élections ! Et de trancher net que les autorités maliennes doivent s’en tenir au verdict des juges du Mali, à moins qu’il ne s’agisse d’extrader Issa Kaw Ndjim, en qui il voit « un homme politique de grande qualité» dont le Président de Transition Hassimi Goïta pourrait avoir grand besoin un jour !
Pour le Pr Ali Nouhoum Diallo, Issa Kaw Ndjim doit être amnistié en cas de condamnation par la justice, et cela pour la paix sociale ! Mieux encore, il trouve que «Les six généraux seraient bien inspirés en faisant adopter en Conseil des ministres une Ordonnance portant amnistie générale permettant non seulement la libération des dirigeants des partis politiques, mais aussi de tous ceux et toutes celles qui sont détenus pour délit d’opinion».
Cela est d’autant plus vrai, qu’ils seraient encore plus à la hauteur de leur mission historique «en autorisant dans la même Ordonnance à tous les exilés de rentrer dans leur pays et à participer à la fête démocratique que constituent les élections municipales, régionales et nationales, singulièrement l’élection présidentielle», puisque ce serait peut-être une voie pour aller vers une possible union sacrée pour le salut du Peuple malien. Ce serait aussi faire preuve de grandeur d’âme et de sens de la justice, de l’égalité et de l’équité, ne serait-ce que pour vérifier si les hommes et les femmes politiques sont vomis par le peuple malien. Par le Pr Ali Nouhoum Diallo se pose une autre question, dont la réponse, selon lui, est d’une grande importance pour l’Avenir du Mali : L’élévation aux grades de général d’Armée, de généraux de corps d’Armée, de division et de brigade, par eux-mêmes, sur recommandation du Dialogue Inter maliens il est vrai ; le maintien du Premier ministre, le général de Division Abdoulaye Maiga au poste de ministre de l’Administration territoriale, doublé de la nomination d’un ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des réformes politiques et du soutien au processus électoral, augurent-ils que les Elections générales auraient bien lieu en 2025?».
Parlant de la décision du retrait du Mali de la CEDEAO, le vieux routier qu’il est, pour avoir présidé aux destinées du Parlement de la CEDEAO pendant 5 ans et pour avoir circulé dans l’Espace CEDEAO tout entier… par la route, à l’exception du Cap Vert, affirme que le Protocole portant libre circulation des personnes et des biens, droit d’établissement des citoyens et des citoyennes dans les Etats de l’organisation communautaire ouest africaine était en vigueur bien avant 2006, date où prit fin a mission!
«Il est difficile de croire qu’il est possible d’être plus forts à trois qu’à quinze», dira-t-il, non pas sans s’interroger si la création de l’AES (l’Alliance des Etats du Sahel) ne procéderait pas d’un réflexe de l’Instinct de conservation ? Aussi croit-il fermement que la CEDEAO devenait, progressivement, une communauté Politique, une communauté des Peuples, pas à sa satisfaction, mais il se fait le devoir de dire cette vérité aux Peuples d’Afrique et du Monde. La rectification opérée après la nomination du Dr Choguel Kokala Maiga comme Premier ministre, les besoins de clarification par lui proclamés ; la « réorientation technique » annoncée par le nouveau Premier ministre, le général de Division Abdoulaye Maiga, attestent de la nécessité pour le Mali de sortir des Abus et de l’Arbitraire en organisant des Élections générales, libres, transparentes, crédibles, apaisées et sincères reconnues comme telles par la majorité requise des Maliens et des Maliennes et du reste du Monde», prévient-il, convaincu que ce serait fatal économiquement de vivre en autarcie ! Enfin, conseils utiles de Ali Nouhoum Diallo aux militaires au pouvoir : «En tout état de cause, le Peuple malien observe, médite, réfléchit et attend de comprendre la signification de tous les remue-ménages survenus ces derniers temps. Personne ne doit oublier que la capacité de s’indigner et de s’insurger des Maliens ne mourra jamais.
Il ne faudrait pas que la décision de fermer la chaîne Joliba TV News et la tentative de faire taire toutes les voix discordantes, servent de bombes qui vont exploser tôt ou tard» ! ■
MAÏMOUNA DOUMBIA