RAPPORT DE LA BANQUE MONDIALE SUR LA DETTE EXTÉRIEURE DU MALI : UN POIDS DE PLUS DE 04 MILLE MILLIARDS DE FRANCS CFA AU PIED DU MALI

 RAPPORT DE LA BANQUE MONDIALE SUR LA DETTE EXTÉRIEURE DU MALI : UN POIDS DE PLUS DE 04 MILLE MILLIARDS DE FRANCS CFA AU PIED DU MALI

La Banque Mondiale a récemment publié son rapport sur la dette mondiale pour l’année 2023. D’après ce rapport, la dette extérieure du Mali s’est élevée à 6,457 milliards de dollars (4 028 milliards FCFA), un chiffre qui traduit la forte dépendance de notre pays envers ses créanciers.

Cette dette, bien que nécessaire pour maintenir les rouages de l’économie, constitue un fardeau pesant sur les épaules de millions de Maliens. Le paiement annuel de la dette extérieure du Mali, selon la Banque mondiale, absorbe 6 % des exportations et 2 % du Revenu National Brut (RNB). Autrement dit, sur 100 000 francs CFA d’exportations, 6 000 FCFA sont directement versés aux créanciers. Ces chiffres abstraits ont des conséquences concrètes sur le développement du pays : ces sommes pourraient permettre à notre pays d’investir dans des secteurs clés et prioritaires comme l’éducation, la santé ou les infrastructures. La majeure partie de cette dette est détenue par des créanciers multilatéraux, qui accaparent 75 % du total.

La Banque mondiale (IDA) détient 36 %, suivie de la Banque Africaine de Développement (BAD) avec 12 %. Parmi les créanciers bilatéraux, la Chine détient 8 % de la dette extérieure du Mali, le double de la France, qui détient 4 % de la dette malienne externe.

Enfin, les Émirats arabes unis constituent le troisième créancier du Mali avec 6 % de la dette, les 7 % restants étant répartis entre plusieurs autres partenaires bilatéraux. Le Fonds Monétaire International (FMI), acteur incontournable dans le paysage économique, apporte des crédits indispensables, mais exige en retour des ajustements économiques souvent douloureux, tels que la réduction des dépenses publiques, la privatisation des entreprises publiques ou encore l’augmentation des impôts ; des décisions très difficiles à mettre en œuvre dans un pays en guerre depuis plus d’une décennie. Si ces fonds permettent au Mali de tenir à court terme, le prix à payer est lourd pour les Maliens. En 2023, les flux financiers nets entrants ont atteint 845 millions de dollars (527 milliards FCFA). Sur cette somme, 147 millions de dollars (91,7 milliards FCFA), soit près d’un cinquième des entrants, proviennent de nouveaux emprunts, tandis que 698 millions de dollars (435 milliards FCFA) correspondent à des investissements en capitaux.

Cela prouve que, malgré les défis, le Mali reste attractif pour les investisseurs étrangers. Mais ces entrées financières ne doivent pas masquer une réalité : chaque nouveau prêt est une corde supplémentaire autour du cou de l’économie malienne.

Le Mali, riche de ses ressources naturelles et de son potentiel humain, ne peut se résoudre à vivre sous perfusion financière. Chaque franc CFA emprunté doit servir à construire l’avenir et non à alimenter un cycle sans fin de remboursements. La question est simple : pourquoi un pays aux sous-sols riches doit-il lutter pour se développer ? La réponse à cette question se trouve majoritairement dans le coût faramineux de la défense nationale. En effet, les 12 dernières années ont marqué pour le Mali une période de fortes dépenses en termes de sécurité, un aspect non négociable du budget des dépenses publiques, en raison des prix élevés des armes, des munitions et autres appareils de guerre. Les missiles utilisés par les drones de défense peuvent coûter jusqu’à 6 millions de francs CFA l’unité, sans parler de l’entretien que tout cet équipement requiert. Il est donc important de relativiser et de rester sceptique face à ces chiffres, car, même si la dette extérieure du Mali a presque triplé durant les 14 dernières années (de 2,4 milliards de dollars en 2010 à 6,4 milliards en 2023), les situations sécuritaires du Mali et financières à travers le monde sont loin d’être restées stagnantes.

Ainsi, le dollar, devise utilisée pour toute transaction financière internationale, en particulier avec la Banque Mondiale et le FMI, a perdu près de 42 % de sa valeur entre 2010 et aujourd’hui. De plus, la crise financière mondiale causée par le COVID-19 en 2020 n’a cessé de mettre à genoux de nombreux pays à travers le monde en raison des restrictions de voyage qu’elle a causées, un événement dont de nombreuses économies ne se sont toujours pas remises.

Face à ces défis multiples, il devient crucial pour le Mali de réévaluer sa stratégie de gestion de la dette et de diversification de ses sources de financement. La mise en place de réformes internes, couplée à une meilleure gestion des ressources naturelles, pourrait offrir des solutions durables pour alléger ce fardeau. La coopération avec les créanciers, tout en maintenant une pression sur la réduction des ajustements économiques trop sévères, s’avère indispensable pour garantir un avenir prospère et autonome pour les générations futures. ■

A B D O U R A H M A N E TRAORE

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