CONTENTIEUX ENTRE LA DIRECTION D’ORANGE MALI ET LES TRAVAILLEURS TEMPORAIRES : LE PROCÈS PRÉVU LE 02 DÉCEMBRE
Les travailleurs temporaires de l’opérateur de téléphonie mobile Orange Mali réclament la régularisation de leur situation. Le géant des télécommunications est en passe d’affronter un procès inédit au Tribunal du travail, après avoir été accusé de dissimulation de travail via des bureaux de placement.
Plus d’une centaine de jeunes employés temporaires, regroupés au sein du Comité syndical des Travailleurs temporaires d’Orange Mali (CSTTOM), ont assigné la société en justice. Ce s e m p l o y é s dénoncent des années d’exploitation dissimulée derrière des contrats précaires de prestation et d’intérim. Ils réclament la requalification de leurs contrats ainsi que des dédommagements pour licenciement abusif et violation du code du travail. Le procès, fixé initialement au 28 octobre 2024, a été reporté. La direction d’Orange Mali, par le biais de ses avocats, a demandé un délai de deux mois pour mieux préparer sa défense. Pour sa part, la défense des travailleurs, représentée par Me Malick Coulibaly, a soutenu qu’un mois était suffisant. Finalement, le procès est prévu pour le 2 décembre 2024. En attendant, les 151 travailleurs temporaires espèrent être régularisés ou, à défaut, recevoir des réparations.
Lors d’un point de presse organisé à la Bourse du Travail il y a deux semaines, le porte-parole du CSTTOM, Maty Bagayoko, a laissé entendre qu’au sein d’une des entreprises les plus prospères du Mali, une situation dramatique se dessine.
« Des centaines de travailleurs temporaires ont été licenciés, brutalement et sans préavis. Alors que ces employés avaient accepté des conditions de travail difficiles, espérant une éventuelle régularisation de leur statut, ils se retrouvent aujourd’hui privés de leurs droits les plus fondamentaux », a déclaré le porte-parole. Selon ses explications, depuis des années, ces travailleurs temporaires ont enduré un environnement de travail précaire, acceptant des contrats irréguliers et des conditions souvent déplorables dans l’espoir d’une intégration durable. Cependant, malgré des années de dévouement, leurs espoirs ont été anéantis lorsque Orange Mali a choisi de mettre fin à leurs contrats de manière unilatérale. Il ressort que plus de 1 000 employés ont été licenciés et n’ont bénéficié ni de primes ni d’indemnités. De plus, aucun d’entre eux n’était affilié à l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO), encore moins à l’Institut National de Prévoyance Sociale (INPS), privant ces travailleurs de la couverture et des protections de base.
Certains employés, présents depuis plus de 15 ans, se retrouvent ainsi sans sécurité sociale et sans reconnaissance de leur ancienneté, une situation que le comité syndical dénonce. Aux dires des employés concernés, la Direction Régionale du Travail (DRT) et la Direction Nationale du Travail (DNT), garantes du respect du droit du travail au Mali, ont à plusieurs reprises adressé des injonctions à Orange Mali pour régulariser la situation de ces employés. Mais, malgré cela, l’entreprise a persisté dans son refus, préférant défier la loi. « Après plusieurs tentatives de dialogue restées vaines, nous avons décidé de saisir l’Inspection du Travail. Malgré cette saisine de l’Inspection nationale du Travail, la société n’a pas réagi », a déclaré un travailleur temporaire qui est à Orange Mali depuis six ans.
Il explique que depuis 2014, les travailleurs temporaires demandent une régularisation.
Les tentatives de dialogue n’ayant pas abouti, ces derniers se sont constitués en syndicat en 2023. Ces employés sont répartis en deux groupes : le premier, composé de plus de 800 personnes, a été licencié sans préavis en 2023. Selon les représentants des travailleurs, ces personnes licenciées ont refusé le changement de contrat proposé par la direction alors même que leurs anciens contrats étaient en cours. Avec ceux restés en activité, environ une soixantaine, ils ont fini par porter l’affaire en justice. Le 31 octobre, quelques jours après l’audience, ces derniers indiquent avoir reçu un mail leur demandant de restituer les machines avec lesquelles ils travaillaient et les informant de leur interdiction d’accès aux bâtiments, sans notification préalable. Une situation d’incertitude qui inquiète et plonge ces travailleurs dans le désarroi.
Certains déclarent avoir travaillé pendant 17 ans sans « couverture sociale ». À défaut d’une régularisation, ces travailleurs demandent réparation. ■
YOUSSOUF KONATE