RÉTICENCE DES POPULATIONS AU VACCIN CONTRE LE CANCER DU COL DE L’UTÉRUS: CRAINTE JUSTIFIÉE OU MANQUE DE COMMUNICATION DU GOUVERNEMENT ?
Le vendredi 1er novembre 2024, Mme le ministre de la Santé et du Développement social, le Colonel Assa Badiallo Touré, a procédé au lancement de l’introduction du vaccin contre le Virus du Papulloma Humain (HPV) dans le Programme Elargi de Vaccination du Mali. Une introduction qui doit se faire de façon simultanée sur toute l’étendue du territoire national et qui concerne les filles de 10 ans, soit 267 942 filles pour l’année 2024.
Sauf que les personnes concernées, qui se font des préjugés sur le vaccin, ne se bousculent pas au portillon ! Pour ce qui concerne la campagne, 267 942 filles de 10 ans doivent recevoir chacune une seule dose supposée leur permettre une protection efficace. Pour ce faire, toutes les stratégies (fixes, avancées, mobiles) sont mises à profit, y compris les stratégies novatrices, par les autorités sanitaires pour atteindre les communautés fragiles, mal desservies et vivant dans les zones d’insécurité. Coût opérationnel de l’introduction du vaccin : 780 050 dollars, soit 468 030 000 FCFA. Si la disponibilité du vaccin a été un grand soulagement pour Mme le ministre de la Santé, le cancer du col de l’utérus étant un problème majeur de santé publique dans le monde et au 1er rang des cancers féminins, avec une fréquence de 26,6% et une incidence de 49,3 pour 100 000 habitants, mais aussi la première cause de mortalité chez les femmes âgées entre 40-50 ans, le fait que beaucoup de parents pensent que cette campagne de vaccination vise plutôt à stériliser les filles est une autre forme de cancer dans notre pays qui doit être traité d’abord pour espérer atteindre les résultats escomptés.
Cette réticence des populations au vaccin contre le cancer du col de l’utérus, qui affecte chaque année dans notre pays plus de 2000 cas dont 1700 décès s’explique par une peur justifiée face à l’inconnu, mais aussi par le fait que le gouvernement a péché par un manque criard de communication sur le sujet.
En effet, on ne vient pas, dans un État normal, avec quelque chose d’inconnu au grand public et vouloir imposer sans un grand effort préalable de communication-sensibilisation, avec en toile de fond des preuves de modèles réussis à l’appui.
En effet, on ne vient pas, dans un État normal, avec quelque chose d’inconnu au grand public et vouloir imposer sans un grand effort préalable de communication-sensibilisation, avec en toile de fond des preuves de modèles réussis à l’appui.
Aux autorités sanitaires du pays de revoir alors leur stratégie de communication sur le sujet, car pour le moment, la peur face à l’inconnu semble l’emporter sur la dangerosité du cancer du col de l’utérus, qui fait chaque deux minutes, deux victimes dans le monde, selon les statistiques… Autant dire que le pari est loin d’être gagné ! ■
MAÏMOUNA DOUMBIA