POUR RÉGLER LE DIFFÉREND ENTRE L’ETAT ET RESOLUTE MINING :LA SOCIÉTÉ SOMMEE DE PAYER LA MOITIÉ DES 250 MILLIONS DE DOLLARS IMMÉDIATEMENT
Placé en détention à Bamako dans un tournant inattendu, Terry Holohan, le Directeur Général de la société minière australienne Resolute Mining, est arrêté dans un contexte plus large d’interpellations de cadres étrangers de l’entreprise, dont la mesure de garde à vue, à défaut d’être prolongée, devrait prendre fin lundi.
Mais on apprend que le DG Terry Holohan et les autres cadres avec lesquels il a été interpellé, sont toujours gardés à la Brigade du Pôle économique, et qu’un compromis serait déjà trouvé pour éviter leur mise sous mandat de dépôt. Le 8 novembre, plusieurs cadres de Resolute Mining ont été interpellés dans un hôtel de la capitale malienne. Les circonstances exactes de cette arrestation restaient jusque-là floues, mais elles soulignent déjà un changement de ton des autorités maliennes envers les entreprises étrangères opérant dans le pays. La détention a en effet été décrite comme une mesure prise par les autorités maliennes visant à lutter contre la corruption et la délinquance économique. Il s’avère que les autorités maliennes soupçonnent les responsables incriminés de faux présumés et d’atteinte aux biens publics. Les responsables de Resolute sont en effet interrogés sur des allégations de faux présumés et d’atteinte aux biens publics. La société, tout en niant les accusations, se retrouve en une position difficile face à la législation malienne, qui est devenue plus stricte sur de telles infractions.
Ce développement soulève cependant des questions sur l’environnement des affaires au Mali. Rappelons que Resolute Mining détient 80 % des parts de la mine de Syama, une des principales sources d’or au Mali.
Selon les observateurs, l’interruption des opérations et la potentielle incapacité de la direction à gérer l’entreprise pendant la crise pourraient avoir des conséquences significatives sur la production. Toute chose qui soulève par ailleurs des inquiétudes sur la continuité des activités minières au Mali, surtout en cette période délicate. Toujours est-il que les autorités maliennes n’ont pas encore donné de déclaration officielle concernant la situation. De même, Resolute Mining a choisi de ne pas commenter les arrestations. Cependant, cette opacité pourrait alimenter des spéculations sur l’intention des autorités et sur l’avenir des sociétés minières opérant dans le pays. La situation actuelle pourrait en effet avoir un impact regrettable sur les prévisions de production d’or au Mali. Pour rappel, après avoir revu ses prévisions à la baisse, Resolute Mining a anticipé une extraction comprise entre 205 000 et 215 000 onces d’or d’ici la fin de 2024. Ce qui marque une chute significative par rapport à leurs estimations précédentes, qui étaient de 345 000 à 365 000 onces. En attendant, les spéculations vont bon train. Si les actions contre des entreprises internationales pourraient refléter une volonté des autorités de réaffirmer le contrôle sur les ressources nationales, et bien, on en sait plus sur les contours de cette affaire grâce à l’Agence de presse internationale Bloomberg.
Celle-ci a en effet rapporté que le Mali exige que Resolute, fondé par Perth, mais géré par Londres, paie près de 250 millions de dollars pour résoudre un différend fiscal qui a dégénéré il y a une semaine jusqu’à la détention du Directeur Général de la société, Terry Holohan, et de deux collègues dans la capitale de Bamako. Citant des sources, Bloomberg a déclaré que le gouvernement du Mali faisait valoir que Resolute – qui exploite la mine d’or de Syama – devrait payer 247 millions de dollars pour régler un différend concernant principalement les arriérés présumés d’impôts après un audit à l’échelle du secteur.
Les parties avaient discuté d’un accord potentiel qui verrait l’entreprise payer la moitié de cette somme maintenant et l’autre moitié à une date ultérieure, a déclaré Bloomberg. Resolute n’a pas commenté publiquement depuis lundi lorsqu’il a déclaré aux actionnaires que les réclamations contre la société n’étaient pas « non fondées » et qu’elle discutait avec Mali sur une résolution. Le groupe a fait valoir qu’il travaillait sur un accord minier qui n’expire pas avant 2029. Cependant, le Mali exerce des pressions sur Resolute et d’autres mineurs sur deux fronts – un code minier révisé qui prévoit une propriété locale accrue des mines et des audits fiscaux qui constatent inévitablement que les entreprises doivent effectuer des paiements supplémentaires de plusieurs millions de dollars au gouvernement. Il y a deux mois, le Mali a également brièvement emprisonné quatre Barrick Gold pour des « crimes financiers » présumés au milieu de discussions prolongées sur un nouvel accord minier. Le Mali aurait demandé 500 millions de dollars américains d’impôts impayés au géant minier, qui a admis qu’il était prêt à partager davantage les avantages de son exploitation minière au Mali.
Les entreprises opérant au Mali ont suggéré que Resolute a d’abord hésité aux demandes du gouvernement. Lundi dernier, la société a déclaré que M. Holohan et les autres employés étaient à Bamako « pour des discussions avec les autorités minières et fiscales concernant les activités générales liées aux pratiques commerciales de Resolute dans le pays, et pour faire avancer les réclamations ouvertes faites contre Resolute, qui, selon la société, ne sont pas fondées ».
« Resolute a suivi tous les processus officiels en ce qui concerne ses affaires et a fourni aux autorités des réponses détaillées à toutes les réclamations faites ». Les tactiques de pression du Mali ont coïncidé avec des prix records de l’or qui ont gonflé les revenus et les bénéfices des entreprises. Les prix en dollars américains du métal ont augmenté de 30 % en 2024, alors que les banques centrales ont réduit les taux d’intérêt et les tensions géopolitiques augmentent son attractivité en tant que paradis. Resolute a perdu près de 570 millions de dollars depuis que les détentions ont été confirmées lundi, les actions ayant perdu 40 % pour la semaine après la clôture à 40,25 ¢ jeudi. ■
MAÏMOUNA DOUMBIA