ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE AU TCHAD

 ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE AU TCHAD

QUAND MAHAMAT IDRISS DEBY ITNO DONNE DES LEÇONS DE RÉALISME AUX PUTSCHISTES DE L’AES ET DE LA GUINÉE !

Au Tchad, le chef de l’Etat sortant, le Général Mahamat Idriss Déby Itno, a été élu président de la République, le jeudi 9 mai 2024, dès le premier tour de l’élection, trois ans après avoir pris le pouvoir à la tête d’une junte militaire suite à la mort de son père au front. Cet officier de l’armée tchadienne, qui n’a pas eu ses galons dans un bureau climatisé pour avoir eu faire ses preuves sur plusieurs théâtres d’opération, vient ainsi de montrer la voie aux putschistes de l’AES et de la Guinée qui, en lieu place d’organiser des élections pour le retour de l’ordre constitutionnel dans leurs pays, usent plutôt de tous les stratagèmes pour se maintenir au pouvoir !

Mahamat Idriss Déby Itno, âgé de 40 ans, a recueilli 61,03 % des voix, selon les résultats officiels provisoires de la commission électorale, contre 18,53 % à M. Masra, 40 ans aussi. Le taux de participation s’est officiellement élevé à 75,89 %. Ces résultats doivent être validés par le Conseil constitutionnel. L’annonce de sa victoire a déjà donné lieu à une ambiance de fête dans la capitale tchadienne. Près du palais présidentiel, de nombreux partisans de Déby célébraient sa victoire en criant, chantant et klaxonnant dans leurs voitures, recouvertes du drapeau tchadien pour certaines.

« Je suis désormais le président élu de tous les Tchadiens », a énoncé M. Déby dans un très bref discours télévisé au ton monocorde, promettant de mettre en œuvre ses « engagements ». Son principal, M. Masra, avait revendiqué la victoire avant la proclamation des résultats officiels dans un long discours sur Facebook où il accusait par avance le camp Déby d’avoir truqué les résultats pour annoncer la victoire du général. Ce scrutin marque la fin d’une transition militaire de trois ans après que le Général a été proclamé chef de l’Etat, le 20 avril 2021, pour remplacer son père, Idriss Déby Itno, qui venait d’être tué par des rebelles au front.

Comme pour marquer sa différence avec les putschistes de l’AES et de la Guinée, Mahamat Déby, qui avait été adoubé dès son installation par l’armée en 2021 par une communauté internationale – France en tête – prompte à condamner les putschistes ailleurs en Afrique, s’est aujourd’hui orienté vers la Russie. Le Président russe, Vladimir Poutine a d’ailleurs le premier dirigeant à féliciter le nouveau Président élu, un signal envoyé sans doute aux autorités de Transition maliennes, burkinabè et nigériennes, auxquelles son pays ne cesse d’appeler à l’organisation des élections !

Trois ans après sa prise du pouvoir en dehors de tout processus constitutionnel, le Général Déby a donc fait légitimer sa présidence dans les urnes, même si nombre d’observateurs prédisaient qu’il s’agirait d’une formalité. Qu’à cela ne tienne, il a quand-même pu organiser des élections alors qu’il pouvait, à l’image des putschistes d’ailleurs, s’accaparer du pouvoir en toute illégalité et par la seule force des armes !

Autant il y a différentes manières de faire un coup d’Etat, autant la façon de gérer le pouvoir acquis diffère d’un homme à un autre. Et pour cause : Deby a décidé de la gratuité des consommations d’eau et d’électricité pour tous les tchadiens du 1er mars 2024, et ce jusqu’au 31 décembre 2024. Au même moment au Mali, on peine à donner de l’électricité aux Maliens… et le peu qu’on trouve est toujours à la charge des pauvres citoyens maliens qui ne savent plus à quel saint se vouer entre vie chère, galère, chaleur et misère au quotidien.

Pourtant, si les méthodes peuvent ressembler, notamment pour la restriction des libertés, le matraquage des opposants… et quelques fois avec une certaine dose d’extrémité qu’on ne trouve pas au Mali, il y a cependant une grande différence dans le traitement et la place qu’on donne au peuple ! En effet, pendant qu’au Tchad on essaye, tant bien que mal, de compatir à la souffrance du peuple, voire comment l’alléger, au Mali on ne cesse de demander à un peuple qui se meurt sous le poids de la précarité depuis des années (Covid, embargo, départ des partenaires…) d’être résilient !

MAIMOUNA DOUMBIA

Le Soir de Bamako

http://lesoirdebamako

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